Face l'hypertourisme, la ville d'Athènes réfléchit à des solutions plus durables

L'entrée du monument de l'Acropole ©euronews

Comme toutes les grandes destinations touristiques, Athènes n'échappe pas aux conséquences du tourisme de masse. Côté face, les chiffres sont prospères : le PIB du pays augmente, tout comme les recettes fiscales.

Côté pile, des voix s’élèvent pour réagir face à l'épuisement de la capacité d’accueil de la ville et son manque d’infrastructures. Sans parler des conséquences pour l'environnement en terme de gestion de l'eau, de son assainissement et des déchets produits par l'industrie du tourisme.

Face à ce dilemme, et à la colère des habitants, comme celle récemment observée dans les îles espagnoles des Canaries, Athènes cherche la parade. Il y a quelques années, l'objectif était d'accueillir les touristes toute l'année et de faire d'Athènes une destination finale, pas seulement en été. L’objectif est désormais atteint, mais à quel prix ?

"Nous avons besoin de règles", déclare Katerina Kikilia, professeur de gestion du tourisme à l'Université de l'Attique occidentale à Athènes.

"C'est le fléau de ces dernières années, les Athéniens y sont confrontés dans leur vie quotidienne, les principaux effets se font sentir sur la société et l'environnement, mais il y a aussi des effets partiels. Le principal problème de la société et de l'État est le logement", déclare Mme Kikilia à euronews, ajoutant que de nombreuses zones d'Athènes et de l'Attique en général ont été dédiées à l'industrie touristique. Un exemple très typique, comme le dit le professeur Kikilia, est celui de Koukaki, "un beau quartier qui a été transformé en un grand zone de locations à court terme, un lieu pour accueillir des étrangers, il n'y a pas d'autres familles là-bas, pas d'étudiants dans les écoles".

Mme Kikilia ajoute que l'infrastructure hôtelière s'est beaucoup développée ces dernières années, mais que les autres infrastructures n'ont pas suivi et qu'il faut maintenant rattraper le retard.

Les prix des locations ont grimpé en flèche dans les quartiers d’Athènes, surtout s’ils sont proches du métro, très apprécié des touristes. Tout est une question d'offre et de demande, affirme Antonis Markopoulos, co-fondateur de Posperty.

"Si quelqu'un parle de location, c'est vrai qu'il y a un gros problème d'offre immobilière. Parce que la demande de loyers est cinq fois supérieure à l’offre."

Pour lutter contre les effets négatifs des locations de courte durée, entraînant une raréfaction des locations pour les habitants, de nombreuses initiatives, parfois drastiques ont été adoptées en Europe tandis que que d'autres villes européennes s'attaquent aux problèmes de pollution et d'érosion des côtes liés aux trafic des bateaux de croisière.

Et Athènes ? La capitale grecque veut aller plus loin et envisage une approche plus globale.

"Tous ces efforts touristiques ne signifient pas grand-chose financièrement pour la ville. Il suffit de considérer que chaque visiteur rapporte à la ville 0,4 euro chacun, et non pas chaque jour, au total. Or nous n’avons pas reçu cet argent, même si nous sommes en juillet. Ce que je veux dire par là, c'est que nous devons trouver une manière de rendre le tourisme durable, afin qu'il ne crée pas un renforcement supplémentaire des inégalités dans la ville", souligne le maire d'Athènes, Haris Doukas, à euronews, tout en soulignant qu’une étude était actuellement en cours afin d’envisager des mesures à prendre.

Il s’agira notamment d’évaluer les indicateurs de capacité d'accueil de la destination, l'analyse spatiale des données sur les locations de courte durée et les unités hôtelières, l'analyse des flux touristiques, la dynamique des « appartements municipaux » et les défis qui se posent pour les gérer efficacement.

L'une des interventions déjà proposées par la municipalité est la taxe d'hébergement et durabilité, qui atteint 10 euros dans les hôtels cinq étoiles, que les clients doivent payer comme dans de nombreux autres pays européens "afin que nous puissions construire des infrastructures", explique le maire d’Athènes.

Or, "sur les 10 euros que les touristes donnent par jour aux hôtels cinq étoiles, rien n'est actuellement reversé à la municipalité", regrette le premier magistrat de la capitale grecque. Il souligne également, entre autres, qu’un décret présidentiel devrait être signé immédiatement avec lequel, sur la base de la science, des chiffres de l'étude sur la capacité d'accueil, la municipalité serait en mesure de gérer le produit touristique en fonction des zones sursaturées et des autres endroits où nous peut les acheminer.

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