Matteo Salvini peut-il nuire à Meloni en s’alliant avec les Patriotes d’Orban ?

La Première ministre Georgia Meloni dirige le groupe Des Conservateurs et Démocrates européens au Parlement européen. ©Domenico Stinellis/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

Matteo Salvini s'allie aux Patriotes pour l'Europe de Viktor Orban au Parlement européen. Ce raprochement pourrait-il semer la discorde au sein de la coalition italienne ?

L'objectif du groupe des Patriotes est de devenir le troisième bloc au Parlement européen. Il dépasserait ainsi les Conservateurs et Démocrates européens, le groupe dirigé par le Premier ministre Georgia Meloni.

Pour l'instant, Mme Meloni est restée discrète sur la question, de même pour son parti, Fratelli d'Italia.

La Lega, quant à elle, nie être à l'origine d'une quelconque déstabilisation politique :

Paolo Borchia, chef de groupe de la Ligue au Parlement européen, déclare :

"Il n'y a rien de mal à ce que les partis de droite aient des points de vue différents sur certaines questions européennes. Au contraire, c'était une occasion d'enrichissement, plutôt qu'un obstacle. Je pense que nous devons être concrets. Ce gouvernement a gagné la confiance du peuple italien et il est juste qu'il poursuive son travail. La dynamique européenne aura des répercussions qui ne déstabiliseront pas le gouvernement."

Forza Italia, tout en réitérant son soutien au gouvernement récemment renforcé par le vote européen, estime aussi que la nouvelle formation politique d'Orban n'aura pas un impact décisif. "Comme l'a expliqué M. Tajani, le leader de Forza Italia, le rôle des Patriotes pour l'Europe ne sera pas pertinent dans le prochain Parlement européen", a déclaré Alessandro Battilocchio, eurodéputé de Forza Italia, ajoutant que le gouvernement italien restait stable et s'engageait à tenir ses promesses politiques.

Et même lorsqu'il s'agit des questions les plus conflictuelles possible, comme la guerre en Ukraine, le chef de la délégation de la Lega au Parlement européen explique qu'il est crucial de faire la distinction entre les objectifs et les moyens mis en place pour y parvenir. Pour M. Borchia, la Lega a toujours travaillé en synergie avec les deux autres partenaires politiques de la coalition sur les questions européennes liées à la guerre. "Il peut y avoir des différences, explique-t-il, dans les moyens utilisés pour mettre fin au conflit."

Selon Lorenzo Castellani, analyste politique et professeur à l'Université Luiss de Rome, Salvini ne peut pas compter sur un soutien politique fort : "Il n'a pas assez de pouvoir pour saper le leadership de Georgia Meloni ni assez de soutien électoral pour déclencher des élections anticipées ou une crise gouvernementale." "Meloni, poursuit Lorenzo Castellani, devra décider dans quel camp se ranger, si elle se range du côté de la majorité ou non."

Mais s'il y a bien une chose qui divise la Legue et Georgia Meloni, c'est la question du soutien de la dirigeante italienne à Mme Von Der Leyen. "Elle ne mérite pas tout ce crédit", a déclaré M. Borchia en parlant de la présidente sortante, affirmant qu'"après avoir maintenu une ligne d'évaluation négative", les "hésitations" de Mme Meloni pourraient ne pas être comprises par les électeurs.

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